Sion, le 26 septembre dernier : L’office cantonal de l’égalité et de la famille invitait Francine Duquet, sexologue et professeure au département de sexologie de l’Université du Québec. Elle donnait une conférence à Sion et nous y avons été conviés. Le titre : « La sexualisation de mon enfant, j’y veille » donne le ton. Nous allons entendre parler de sexualisation précoce et de l’implication des parents à veiller sur leurs enfants.

Qu’est-ce que la sexualisation précoce ?
Francine Duquet propose deux définitions :
° L’imposition d’une sexualité adulte à des enfants ou à des adolescents avant même qu’ils ne soient en mesure de composer avec la sexualité et ce, au niveau psychologique, émotif et physique.
Elle donne l’exemple de ces jeunes enfants qui posent pour des publicités de mode dans des tenues provoquantes et des poses suggestives. La question porte donc sur ces jeunes enfants à qui l’on impose d’exposer son corps ainsi et aux personnes (vous et moi) qui ont accès à ces images publicitaires.
° La sexualisation précoce des enfants renvoie à la sexualisation de leurs expressions, postures ou codes vestimentaires, jugés trop précoces.
Elle donne l’exemple des enfants qui postent des vidéos sur les réseaux sociaux (Tik Tok, Snapchat, etc..) en prenant les poses des influenceurs. Poses, expressions et tenues vestimentaires toujours plus suggestives, voire vulgaires. On fait comme on a vu faire sans se poser de questions et sans en comprendre les conséquences.
Elle évoque également l’hypersexualisation sociale. L’omniprésence de la sexualité dans les publicités, les chansons, la mode vestimentaire, et même la culture, mais aussi un univers visuel et sonore chargé de sexualité.
Elle montre plusieurs exemples de notre quotidien, sans aller chercher très loin et qui sont à la portée de tous :
° Les poupées (type Bratz, Barbie, etc…) et leur évolution de fabrication :
des jambes toujours plus longues, des jupes toujours plus courtes, du maquillage important pour agrandir les yeux, des lèvres botoxées, les attitudes provoquantes, etc…). Les fillettes s’identifient ainsi très (trop !) jeunes à ces images influenceuses. Elles veulent être comme ces poupées.
° Les jeux en ligne « pour enfants » :
les héros sont mis dans des situations peu communes (habiller un jeune homme en choisissant ses habits au sein des couloirs de l’école), les jeunes filles portent des tenues vestimentaires provoquantes, les images sont de plus en plus réalistes. Nos enfants n’ont peut-être pas accès à ces jeux, mais ils sont en relation avec d’autres enfants qui y ont accès.
° Les jeux en ligne auxquels jouent les adolescents :
Fortnite et ses extensions ou encore Grand Theft Auto(GTA). Il faut toujours plus de violence (tuer, frapper), toujours plus de provocation (tenue et poses vulgaires, voire obscènes et pornographiques), toujours plus d’images presque réelles (technologie à la pointe).
Notre conférencière pose la question de l’âge légal : ces jeux sont classés PEGI 12+ (c’est-à-dire, non conseillé avant 12 ans pour Fortnite) et PEGI 17+ pour GTA. Là encore, elle informe et nous fait réfléchir en posant les questions suivantes : questionnez de jeunes enfants en 5H (8-9 ans) s’ils n’y ont pas accès seul ou avec un grand frère, un cousin, un voisin. Lisez le synopsis de ces jeux, vous pourriez être très étonnés.
° Les réseaux sociaux : Elle pose les constats suivants :
1. 86% des jeunes de 9 à 11ans disposent d’un compte sur une plateforme qui exige que les utilisateurs soient âgés de 13 ans et plus.
2. L’utilisation du téléphone portable par nos enfants passent par notre exemple d’adulte.
3. Si l’enfant n’a pas de téléphone, ce sera avec le téléphone d’un autre qu’il aura accès à tout ce qui précède.
Qu’en est-il des influenceurs et des influenceuses sur les réseaux sociaux ? certains obtiennent des « likes » innombrables en quelques minutes. Mais l’heure qui suit, cette même personne peut être « démolie » par un seul commentaire destructeur, conduisant à de graves conséquences psychologiques. Elle n’y va pas par quatre chemins, pour nous affirmer qu’il en va de même pour nos enfants sur les réseaux sociaux. Tant que je me sens appartenir à un groupe et apprécié, tout va bien. Mais que se passe-t-il lorsque je n’obtiens plus les likes que j’attends pour me sentir reconnu ?
Et devant ce tableau bien triste et questionnant, comment veiller sur nos enfants ?
La conférence est très intéressante et questionne. Elle permet de valider ce que nous savions déjà malheureusement et de découvrir ce que nous n’imaginions même pas.
La conférencière aime et connaît fort bien son sujet : elle amène des exemples très concrets de son quotidien et de son expérience auprès des jeunes qu’elles côtoient. Elle pose surtout la question de l’éducation et de la juste place des parents dans l’importance de l’écoute, de la présence, de l’intérêt réel porté à son enfant et à ce qu’il vit. Créer des occasions de discussions avec son enfant : « Ce que tu as vu sur cette publicité, qu’en penses-tu ? » Donner également notre avis et confronter nos avis. Aboutir enfin à ce qui est réellement bon pour lui, pour toute sa vie et oser le lui dire !
Sans y adhérer et sans les consommer, on peut s’intéresser à ce que vivent et voient nos enfants (jeux vidéo et jeux en ligne, images, réseaux sociaux, publicités, influenceurs, etc…). C’est une façon merveilleuse de s’intéresser à « leur » monde, de garder sans cesse le lien et d’aiguiser leur sens critique.
Sa conclusion paraît tellement simple et logique : elle encourage chaque parent à éduquer, veiller avec soin, attention et surtout bon sens sur chacun de nos enfants et passer du temps avec eux!
A l’issue de cette conférence, nous restons persuadés et convaincus qu’une présence constante, un dialogue vrai et franc, des vérités objectives sur le corps et sur la vie avec nos enfants restent primordiales. S’intéresser à eux et leur montrer l’exemple par nos actes, c’est les aimer ! Les aimer c’est leur donner des repères ! Des repères et des limites, c’est poser un cadre sécurisant pour nos enfants. Ils nous remercieront un jour !
Par Nathalie Thétaz
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